Nicole Gérard, Refigurer la nature

Si elles peuvent paraître abstraites au premier abord, les œuvres de Nicole Gérard sont en fait bien figuratives. Ou plutôt refiguratives tant elles retranscrivent sur la toile les sensations ressenties par l'artiste face à la nature. C'est ainsi que l'on peut reconnaître dans ces empâtements bleus et blancs des vagues, des montagnes, la voile d'un bateau flottant au dessus de l'océan, dans ces taches rouges et oranges des flammes ou dans ces masses et striures noires des troncs et des branches d'arbres morts.

Si elle ne renie pas une part d'abstraction dans ses compositions, c'est en cela au sens d'une évacuation du détail et de l'anecdote mimétique qu'elle opère pour aller au cœur d'une relation de la peintre avec ce monde qu'elle voit et qu'elle ressent. Une refiguration donc où dominent la froideur du blanc et du bleu que vient parfois, nous l'avons évoqué embraser, dévorer, parasiter, réchauffer un feu comme venu du centre de la terre ou né de la folie des hommes. C'est donc un monde habité par les éléments primordiaux (l'eau, l'air, le feu et la terre) et comme mû par des forces telluriques que nous donne à voir Nicole Gérard. Une nature élémentaire à laquelle elle se connecte grâce à la peinture et qu'elle nous retranscrit au travers de ses émotions.

Entre fracas et silence contemplatif, les paysages abstraits de Nicole Gérard nous plongent ainsi dans une nature sensible que nous arpentons et où nous naviguons avec elle, tels des explorateurs d'un monde à redécouvrir.

 

Bertrand Naivin